INDICE DE LA PÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE EN SUISSE T4 2017 – T3 2018

Zurich, le 20 novembre 2018 – Toutes professions confondues, la Suisse enregistre une légère augmentation de la pénurie de main-d’œuvre en 2018. Preuve en est l’Indice de la pénurie de main-d’œuvre du Groupe Adecco Suisse et du Moniteur du marché de l’emploi de l’Université de Zurich. De nettes différences sont à noter entre les groupes professionnels : certains souffrent d’une pénurie de main-d’œuvre alors que d’autres font face à un excédent. Et il est également intéressant de souligner ici les disparités régionales.

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La Suisse connaît une réelle pénurie de main-d’œuvre en ingénierie, technique et informatique. Et les spécialistes se font également rares dans le secteur fiduciaire. « Dans ces professions, les entreprises ont actuellement du mal à trouver un personnel adéquat en nombre et en qualification », déclare Nicole Burth, CEO du Groupe Adecco Suisse.

En revanche, dans les métiers de la restauration et des services à la personne, les demandeurs d’emploi sont bien plus nombreux que les postes à pourvoir. On note donc ici un fort excédent de la main-d’œuvre qui touche un grand nombre de travailleurs. « La concurrence entre les spécialistes est d’autant plus rude que la fluctuation du personnel est relativement forte dans ces métiers », ajoute Helen Buchs du Moniteur suisse du marché de l’emploi de l’Université de Zurich.

Grande pénurie de main-d’œuvre en ingénierie, technique et informatique


Les métiers de la technique et des sciences naturelles (p. ex. génie mécanique, génie civil) ainsi que de l’informatique (p. ex. programmation) voient leur pénurie en main-d’œuvre augmenter, comme le montre l’Indice de la pénurie de main-d’œuvre observé sur la durée.

Penurie de main-doeuvre (1)

Par rapport à l’année passée, l’Indice de la pénurie de main-d’œuvre a augmenté en 2018 de 9 % dans les métiers de la technique et des sciences naturelles et de 8 % dans les métiers de l’informatique. En 2018, les métiers de l’ingénierie, de la technique et de l’informatique occupent ainsi trois des cinq premières places au classement des spécialistes, la toute première revenant aux métiers de l’ingénierie. Dans ces métiers, les entreprises devraient rencontrer en Suisse des difficultés à trouver suffisamment de personnes qualifiées pour occuper leurs postes vacants. « Pour arriver à recruter, les entreprises peuvent sur le court terme proposer des conditions d’embauche les plus attractives possibles comme des salaires plus élevés. Si ces mesures ne suffisent pas pour pourvoir leurs postes, elles seront obligées de chercher des spécialistes qualifiés à l’étranger. Sur le long terme, les entreprises seraient avisées d’investir davantage dans la formation initiale et continue de leurs collaborateurs actuels et potentiels » déclare Helen Buchs.

Aussi dans les métiers de la finance et du fiduciaire (p. ex. conseil fiscal, révision), la pénurie de main-d’œuvre est importante dans toute la Suisse mais son indice reste stable par rapport à l’année passée. Cette pénurie est due à la forte demande en spécialistes enregistrée dans le secteur fiduciaire, comme le montre le classement des professions : le secteur du fiduciaire occupe la deuxième place au classement de la pénurie de main-d’œuvre 2018 en Suisse et il est sans doute difficile pour les entreprises de pourvoir ici leurs postes vacants. « Les réviseurs et comptables devant notamment connaître le droit international et la comptabilité internationale, il est capital pour les entreprises de pouvoir recourir à des spécialistes étrangers », ajoute Nicole Burth.

Pour les métiers de la santé aussi (p. ex. médecine, pharmacie), l’indice de la pénurie de main-d’œuvre en Suisse est en 2018 plus élevé que la moyenne, comme il l’était déjà les deux dernières années passées. La pénurie de main-d’œuvre ne s’est ici ni aggravée ni améliorée. Comme le montre le classement de la pénurie de main-d’œuvre, cette pénurie touche avant tout les professions médicales et pharmaceutiques. « Selon nos observations, ce sont avant tout les métiers de la santé plus hautement qualifiés qui ont tendance à être fortement demandés, alors que les postes d’aides-soignants ou de soins à domicile sont plus faciles à pourvoir. Si toute la Suisse manque de médecins, la Suisse alémanique manque, elle, avant tout de sages-femmes et de personnel infirmier qualifié. Nous remarquons actuellement que chez les thérapeutes, la demande dépend fortement de leurs spécialités. Les physiothérapeutes sont par exemple très demandés notamment en Romandie où ils sont très difficiles à trouver. En Suisse alémanique par contre, nous avons peu de mal à recruter des physiothérapeutes. Nous supposons qu’ici le réseau personnel est très utilisé », explique Corinne Scheiber, Head of Adecco Medical Suisse.

Excédent de main-d’œuvre dans la restauration et les services à la personne


La Suisse enregistre un excédent de main-d’œuvre en particulier dans les métiers de la restauration et des services à la personne, mais aussi dans le bâtiment.

Penurie de main-doeuvre 2 (1)

La demande d’emploi est ici bien plus importante que l’offre et le nombre de personnes potentiellement touchées est élevé. Les métiers du nettoyage, de l’hygiène et des soins corporels, de la restauration et de l’intendance ainsi que du bâtiment se retrouvent ainsi parmi les cinq derniers au classement de la pénurie de main-d’œuvre. Le nombre de demandeurs d’emploi par offre d’emploi est ici particulièrement élevé. L’excédent de main-d’œuvre est ici important et il est probable que de nombreux demandeurs d’emploi devront se recycler ou apprendre un tout nouveau métier. Les entreprises par contre disposent d’un grand choix dans le recrutement de leur personnel. Le taux de chômage dépassant les 8 % pour un grand nombre de ces métiers, les entreprises sont depuis le 1er juillet 2018 tenues à l’obligation d’annoncer les postes vacants.

Dans les métiers de l’industrie et du transport (p. ex. chauffeurs, horlogers), l’excédent de main-d‘œuvre a légèrement diminué depuis 2016, comme l’indique la hausse de 36% de l’indice. Le nombre de postes vacants par demandeur d’emploi reste toutefois faible dans ce secteur. Le classement des professions affiche un fort excédent de main-d’œuvre dans les métiers de l’habillement, de l’imprimerie et de la manutention. Dans ces métiers, les emplois sont menacés par l’automatisation et la délocalisation de la production vers l’étranger meilleur marché. Les métiers de la circulation et du transport enregistrent également un excédent de main-d’œuvre, ce qui pourrait toucher un nombre relativement élevé de travailleurs souhaitant ou devant changer d’emploi.

Le nombre des demandeurs d’emploi dépasse aussi nettement celui des postes vacants dans les secteurs bureau et administration (p. ex. ressources humaines, employés de commerce) et les secteurs enseignement et services publics (p. ex. enseignants, travailleurs sociaux). Si l’indice pour les métiers de bureau et d’administration reste stable, l’excédent de main-d’œuvre dans les métiers de l’enseignement et des services publics a relativement reculé par rapport à l’année passée, comme le montre la hausse de 11% de l’indice. Les professions commerciales et administratives en particulier connaissent un fort excédent, comme le montre le classement de la pénurie de main-d’œuvre. On peut ici supposer que les activités exigeant relativement peu de qualifications ont été victimes de la numérisation. Les professionnels de la bureautique et de l’administration ont donc certainement tout intérêt à suivre une formation continue.

« Force est de constater que pour beaucoup de métiers demandant peu de formation, les demandeurs d’emploi sont bien plus nombreux que les postes à pourvoir. Une formation initiale ou continue semble donc ici tout indiquée », en conclut Helen Buchs.

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